ARCHIVES
WHITE CUBE
Retrouvez sur cette page toutes les vitrines réalisées depuis le début du White Cube à Liège !
Septembre-octobre 2024
Almond CHU
Hong-Kong, 1962
Parade 16 (The Apple), 2015
© JL DERU
Réflexion sur les mutations de la société hongkongaise.
Un précepte de la pensée maoïste ambitionne d'« apprendre des masses tout en les éclairant ». La duplication d'un même individu exprime non pas une nostalgie des certitudes maoïstes et de la solidarité sociale, mais sa soumission aux messages des grandes multinationales, sous la surveillance de l'État.
Almond Chu initie en 1997, année de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine, la série Parade. Les photographies mettent en scène un même personnage multiplié, dont la répétition forme le corps d’une manifestation imaginaire toujours située dans un lieu chargé de sens au niveau historique ou sociétal, que ce soit le siège du gouvernement ou le magasin Apple. Cette série couronne un travail de quatorze ans de questionnement sur la société hongkongaise et ses mutations.
Photographie, Archival Inkjet Print
Juillet-aôut 2024
Laurent Perbos
France, 1971
La Beauté et le Geste, 2024
© JL DERU
L’artiste français Laurent Perbos a répondu à la demande de l’Assemblée nationale de participer au projet de l’Olympiade Culturelle de Paris 2024 et a investi les marches du Palais Bourbon avec l’installation La Beauté et le Geste.
Pour cette installation spéciale, Laurent Perbos s’empare des mythes qui sont au fondement de notre société, pour leur faire vivre de nouvelles métamorphoses. La Beauté et le Geste se compose de six sculptures représentant des Vénus de Milo. Ode au beau geste, chacune des sculptures incarne l’esprit du sportif qui se démarque par ses valeurs et son fair play. Elles évoquent des sports variés des Jeux Olympiques et Paralympiques (basket, boxe, javelot, para tir à l’arc, surf et tennis), reflétant l’évolution et la diversité de ces événements historiques. Les sculptures sont une célébration de l’engagement de l’artiste envers l’inclusivité et les valeurs de l’Olympisme. Par ailleurs, allégorie de la féminité par excellence, la Vénus s’oppose à l’imaginaire collectif qui associe encore trop souvent le sport au masculin.
Laurent Perbos, artiste plasticien de renom basé à Marseille, est internationalement reconnu pour ses créations qui puisent dans l’univers du sport et des olympiades.
La production de cette oeuvre a été rendue possible par le mécénat du groupe Uhoda.
La Beauté et le Geste a été exposée sur les marches de l’Assemblée nationale, offrant au public l’occasion d’admirer cette oeuvre marquante pendant les Jeux Olympiques, les Jeux Paralympiques et les Journées européennes du Patrimoine.
L'artiste et le groupe Uhoda ont décidé de créer une édition limitée de statuettes, monochromes, disponibles en deux formats 30 et 60 cm. Celles-ci étaient visibles dans notre White Cube rue Saint Paul à Liège. Pour plus d’informations, visitez le site venus.uhodacollection.com
Juin 2024
Chéri Cherin
RDC, 1955
Passation pacifique du pouvoir par les urnes, 2019
© JL DERU
Maître dans l'art de la satire (politique) au Congo.
Chéri Chérin est né à Kinshasa en 1955 et est l'un des principaux représentants de la peinture populaire congolaise contemporaine.
Depuis le début des années 70, on assiste à une explosion créatrice dans tous les domaines artistiques, notamment la création de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnalités Elégantes), où il occupe dans cette institution un des rangs les plus prestigieux. Il se proclame avec humour « Créateur Hors (série) Expressionniste Remarquable Inégalable” (C.H.E.R.IN).
Il aborde des thèmes tels que le pouvoir, la débrouille et la vie quotidienne. L’artiste dénonce un monde où l'opportunisme et la comédie voudraient avoir raison sur les vraies valeurs qu’il défend et que ses peintures évoquent. Son goût pour la satire politique lui a valu quelques ennuis pendant les dernières années du régime Mobutu.
Huile sur toile.
Mai 2024
Julian Opie
UK, 1958
Guilherme with red tie, 2008
© JL DERU
Fusion du graphisme, du pop art et de la technologie
Julian Opie est célèbre pour son style distinctif qui simplifie les formes pour les réduire à des symboles et des contours minimalistes. Influencé par le pop art et l'art publicitaire, Opie utilise une variété de médias, y compris la peinture, la sculpture et les installations numériques pour explorer la représentation dans l'art moderne. Son œuvre est caractérisée par des portraits et des paysages stylisés qui semblent à la fois universels et immédiatement reconnaissables, reflétant souvent la vie urbaine contemporaine et les dynamiques sociales à travers des figures et des environnements simplifiés.
Panneau lenticulaire acrylique
© JL DERU
Mars-Avril 2024
Samuel Fosso
Cameroun, 1962
Léopold Sédar Senghor
(Serie African Spirits), 2008
"...Comme dans toutes mes œuvres, je suis à la fois le personnage et le metteur en scène. Je ne me mets pas moi-même dans les photographies : mon travail est basé sur des situations spécifiques et des personnages avec qui je suis familier, des choses que je désire, que j‘élabore dans mon imagination et, qu’ensuite j’interprète. J’emprunte une identité. Pour y réussir, je me plonge dans l’état physique et mental nécessaire. C’est une façon d'échapper à moi-même. Un passage solitaire. Je suis un homme solitaire." Samuel Fosso
Dans sa série "African Spirits" (2008), Fosso a continué à transformer son apparence en se faisant passer pour quatorze figures emblématiques du mouvement des droits civiques aux États-Unis, ici se faisant passer Léopold Sédar Senghor.
Photographie argentique, 180 x 135 cm.
Janvier 2024
Bonolo Kavula
South Africa, 1992
I rise, 2022
© JL DERU
Méditation sur textile.
Bonolo Kavula a développé un language visuel singulier s’appuyant sur la gravure, la peinture, la sculpture. Elle s’approprie les textiles traditionnels comme le shweshwe et crée des œuvres minutieuses, abstraites et suspendues, en lien avec son identité.
Les motifs ne sont pas sans rappeler le colonialisme et la mémoire sud-africaine.
La délicatesse du tissage, la répétition excessive des points nous évoque le processus méditatif et pour citer l'artiste, thérapeutique de la création de l'oeuvre.
Tissus, Fils.
Février 2024
Paolo Gasparotto
Belgique, 1956
Pauvre petit belge qui tremble, 1985
© JL DERU
Dans le courant des années 1980, Paolo Gasparotto développe un style néo-expressionniste teinté de multiples influences dont l’expressionnisme allemand. Il déploie à travers ses toiles un regard empreint d’humour et d’irrévérence pour traiter de sujets liés au territoire liégeois et wallon.
La toile Pauvre petit belge qui tremble aborde dans cette même veine le tremblement de terre qui secoua la région liégeoise en 1983. Faille dans le sol, bâtiments qui vibrent et vacillent, déchainement du ciel et de la nature, panique des personnages…
La catastrophe est représentée avec un trait rapide et sauvage. Le titre de l’œuvre, les couleurs vives et le traitement général de la scène rejoignent l’impertinence caractéristique de l’artiste.
Peinture sur toile.
Décembre 2023
René Magritte
Belgique, 1898-1967
"Ceci est le facsimilé du chapeau de René Magritte"
Installation magique signée Levita
© JL DERU
L’un des peintres surréalistes les plus connus, René Magritte, tentera de démontrer que l'on n'entrevoit de la réalité que son mystère, si l'on sort de notre habituelle et routinière logique. Ses œuvres jouent souvent sur le décalage entre un objet et sa représentation.
Quand, à partir de 1927, il rejoint à Paris le groupe surréaliste, il ajoutera à l'atmosphère insolite de ses réalisations toute une gamme d'objets familiers. Un de plus usuels et importants de l'iconographie de l'artiste est le chapeau melon, avec la valise et la pipe.
Nous présentons ici son véritable chapeau, celui que l'on peut admirer dans ses tableaux les plus représentatifs (comme Le fils de l'homme ou L'homme au chapeau melon), et dans ses photos personnelles les plus diffusées.
L'installation recrée l'ambiance de l'atelier de Magritte et son chapeau s'y déplace en lévitation. Cette prouesse a été réalisée par l'entreprise liégeoise Levita. L'original de l'oeuvre est visible - sans magie cette fois - à la collection Uhoda.
Octobre - novembre 2023
Patrick Corillon
Belgique, 1959
Carpeaux, 1987
Installation (fild électriques)
© JL DERU
Ex-voto aux artistes, à la litérature...
Les phrases de Patrick Corillon sont des ex-voto qu’il dépose aux pieds d’artistes (appartenant au champ de la peinture, la sculpture ou la littérature) en remerciement d’avoir pu se nourrir leurs œuvres. Ainsi, il fait faire à ces artistes des choses qui n’ont jamais réellement existé mais qui contribuent à enjoliver leur légende.
Les fils électriques, qui d’ordinaire sont dissimulés, apparaissent ici au grand jour pour bien affirmer que la première énergie capable d’éclairer et de réchauffer notre quotidien provient de celles et ceux qui, au travers de leurs œuvres, ouvrent notre imagination.
"J.-B. Carpeaux (Valenciennes, 1827 – Courbevoie, 1875) érigea un « saint François parlant aux oiseaux » en marbre de Carrare. Chaque semaine, il déposait un petit sachet de graines sur la paume des mains tendues de la statue.
Le jour de la mort de Carpeaux, les avant-bras du saint tombèrent, rongés par la fiente."
Septembre 2023
Claude Viallat
France, 1936
Traces, 1972
Daniel Dezeuze
France, 1942
Peintures roulées, 2003
© JL DERU
Mouvement Support/Surface
Dissocier la toile de son châssis, expérimenter les matériaux
Août 2023
Fouad BOUCHOUCHA
France, 1981
Goodbye Horses 1, 2010
© JL DERU
L'adieu à la course !
Goodbye Horses 1 est une maquette de l'oeuvre Goodbye Horses, présentée au palais de Tokyo en 2013. Fouad Bouchoucha a imaginé un projet autour de la Bugatti Veyron. L’agence 7L crée alors les images de synthèse du projet et aide à la réalisation du dossier qui mènera Bugatti à devenir le partenaire principal pour la réalisation.
L’artiste convainc le constructeur de « la voiture la plus rapide du monde » de produire l’objet qui viendra surpasser son propre potentiel, et annuler par là même sa conduite. De ce procédé découle un habillage esthétique et aérodynamique qui, en venant parfaire les facultés de l’engin, obstrue du même coup toutes voies de visibilité (phares, pare-brise avant).
Induite à l’extrême de ses prétentions, la Bugatti ainsi modélisée est rendue inutilisable. La technologie déconnectée de son usage humain, n’a ici plus aucun sens.
Juin 2023
Guillaume BIJL
Anvers (BE), 1946
Composition trouvée (1992)
© JL DERU
Imitations parfaites de la réalité.
Depuis la fin des années 1980, Guillaume Bijl explore dans ses œuvres les frontières entre l’art et la réalité sociale. En référence aux « objets trouvés » dadaïstes (mouvement apparu durant la 1ere guerre mondiale et visant à prôner la liberté de création), il crée ses « compositions trouvées », sorte de natures mortes archéologiques de la société contemporaine.
Ces assemblages d’objets banals – chinés dans les marchés aux puces ou certains magasins vintages – sont toujours finement pensés et transforment les salles d’exposition en espaces de la vie quotidienne.
Perçus par le spectateur comme des environnements familiers, ces « fragments d’intérieur réalistes et kitsch » sont un moyen pour l’artiste de le confronter, de façon humoristique et ironique, à son propre consumérisme.
Mai 2023
Jacques CHARLIER
Liège (BE), 1939
Désoeuvre Post Moderne Néo-Retro (1980)
© JL DERU
Tente tous les moyens d'expressions, tout en restant libre.
Avril 2023
Pol PIERART
Liège (BE), 1955
MECONNAITRE (2022)
© JL DERU
Dans l’œuvre photographique de Pol Piérart, le médium, parce qu’il est décliné dans la simplicité et l’immédiateté du noir et blanc, favorise la lecture de l’image, le déchiffrement des mots et de l’humour. De petits écriteaux blancs, disposés auprès d’objets avec lesquels ils interagissent ou présentés sur fond de vues extérieures, donnent à lire de courtes phrases fonctionnant à la manière de slogans, de maximes ou d’expressions subtilement détournés, notamment par le recours à l’homophonie.
Dans d’autres images, à l’instar de ce que pratique l’artiste en peinture, un mot est transformé par la réécriture de certaines lettres ou par le truchement d’une graphie différente pour ouvrir sur une double lecture. L’environnement immédiat de l’artiste, son cadre de vie et les objets qui l’entourent lui procurent les supports de ses réflexions. Il n’est dès lors que logique qu’il se mette parfois lui-même en scène, ne désirant pas se soustraire à cette vision de l’humanité dont il épingle les problèmes et contradictions, en une satire tendre ou plus mordante lorsqu’elle stigmatise la situation sociale voire politique.
Les œuvres, à l’image du fil de la vie, passent du registre le plus trivial, le plus frivole au registre le plus grave, souvent empreint de poésie. Et si ces images reposent sur le principe du jeu de mots, elles invitent néanmoins le spectateur, dans le battement du décryptage, à convoquer son propre vécu, étant bâties à partir de ces anecdotes qui rythment le quotidien de tout un chacun. (Anne Wauters) « De sa peinture, l’artiste dit qu’elle lui permet d’aller directement à l’essentiel, qu’elle l’autorise à saisir la présence physique du mot. Ainsi, contrairement à ses photographies qui apostrophent l’attention par des modes d’association doués de sens et par une mise en scène d’aphorismes et autres jeux de langage, les toiles surprennent par une grande économie de moyens et par une syntaxe rythmique se limitant à un seul mot.
Dans la couleur fraîche, le peintre trace rapidement des lettres qui comportent un terme apparemment anodin. Qui connaît un peu l’artiste n’ignore pas la suite: par un jeu de biffage, de traits superposés et de lettres trafiquées, le mot initialement écrit prend un autre sens et incite à toutes sortes de lectures, d’excursions et de détours. En comète, les lettres zigzaguent dans nos pensées. Elles vont vite, elles touchent juste et s’accordent avec l’ironie détachée du message délivré. Il y a derrière l’apparente légèreté des interférences sémantiques, une gravité qui s’avoue à peine. »
Extrait d’un texte de Julie Bawin (dans le numéro 34 de l’art même, 2007).
Mars 2023
Cornélius ANNOR
Accra (GH), 1990
KWAME PHOTOOO (2022)
© JL DERU
Cornelius Annor est un peintre figuratif qui dépeint la vie quotidienne, en partant souvent de souvenirs d'enfance et de l'histoire familiale (mariages, baptêmes, anniversaires, etc.) : regarder l'ensemble de l'œuvre d'Annor, c'est comme tourner les feuilles d'un album de famille.
Inspiré par la pratique de l'artiste britannique et nigérian Yinka Shonibare, sa méthode unique de transfert de tissu – qui consiste à placer celui-ci sur la toile pendant plusieurs heures – laisse un vestige décoloré du motif sur la toile, comme le signe d’une mémoire collective.
Sur le côté droit de la composition se tient un homme vêtu d'une chemise bleue tenant une caméra vidéo. Il s'agit de M. Kwame Amponsah, alias Kwame Photooo, un photographe très connu à Accra qui assiste à tous les événements familiaux pendant les périodes de fête, devenu comme un gardien des moments perdus.
Février 2023
Mark MELVIN
(1979, Bury, UK)
Same again (A sign from Cyndi)
© JL DERU
Les œuvres de Mark Melvin amènent le spectateur à réfléchir à travers des phrases qui restent longtemps en tête. Elles demeurent dans la mémoire et libèrent des souvenirs subjectifs, prenant des significations différentes selon les propres expériences du spectateur.
L'installation Same again (A sign from Cyndi), a été créée en 2005 pour une exposition solo dans le cadre du Crosby Homes Manchester City Art Prize. Des néons tracent un texte en cercle qui s’éclaire alternativement en bleu et en rose. La phrase « Time after Time » tourne sans cesse dans un mouvement mécanique, un jeu hypnotique sur la notion de répétition. Le sous-titre fait référence à Cyndi Lauper, la chanteuse des années 1980, et aux souvenirs que l’artiste en conserve.
Mark Melvin s'est fait connaitre grâce à plusieurs prix, résidences et expositions au Royaume-Uni et à l'étranger. Ainsi, il a été lauréat du Nationwide Mercury Art Prize. Mark Melvin a étudié à la Glasgow School of Art, au Maryland Institute College of Art and Design, puis au Konsthogskolan Valand MA Fine Art et au Central Saint Martin College of Art and Design.
Decembre 2022 - Janvier 2023
Léo LUCCIONI
(1994, Foix, France)
Gouverner
© JL DERU - Texte: Sophie Zanier
Léo Luccioni est fasciné par la capacité des entreprises contemporaines à assimiler toutes les critiques pour s'adapter à chaque mutation majeure de la société. À la manière du storytelling entrepreneurial, dont l’intérêt pour l’histoire et l’esthétique d’une marchandise prime sur son utilisation, l’artiste donne un nouveau sens aux objets du quotidien.
Cette stratégie du détournement est utilisée dans le cadre de son installation Gouverner : l’ancien logo d’une compagnie pétrolière française redessiné d’un trait tremblant côtoie des bonbonnes de gaz transformées en instruments de percussion méditatifs.
En changeant positivement la signification de ces objets, l’artiste tente d’ouvrir les yeux des spectateurs afin qu’ils se rendent compte de la relation ambigüe qu’ils entretiennent avec les produits issus de la société de consommation.
Octobre-Novembre 2022
Zhang YEXING
(1981, Shenyang, China)
1709
© JL DERU - Texte: Sophie Zanier
Durant ses études artistiques à Shenyang – ville industrielle située au nord-est de la Chine – Zhang Yexing acquiert une pratique picturale inspirée par la peinture de l’ancienne Union soviétique.
À l’époque de l’URSS, l’art officiel devait illustrer fidèlement la réalité sociale de la classe populaire, qui pouvait dès lors se reconnaitre et apprécier sa condition. Afin de dépeindre au mieux la réalité sociale de sa ville natale, l’artiste reproduit sur sa toile le couloir situé au 17e étage d’un logement ouvrier shenyangais.
Dans cet intérieur, Yexing s’attarde plus particulièrement sur le rideau d’entrée de l’appartement n° 9, devant lequel des pantoufles sont soigneusement posées. Cette scène mystérieuse alimente l’imagination du spectateur qui peut mentalement incarner le quotidien d’un ouvrier chinois.
Septembre 2022
Georges COLLIGNON
(1923-2002, Liège, Belgique)
Surabstreel (Barbarella)
1967
© JL DERU - Texte: Sophie Zanier
Considéré comme l’une des figures majeures de l’abstraction géométrique, Georges Collignon adopte une technique picturale singulière en créant des compositions dynamiques constituées de formes curvilignes qui s’entrelacent sur la toile.
Qualifiée de « topographique », sa peinture labyrinthique semble au premier abord inspirée par une photographie aérienne d’un paysage rural ou une coupe histologique. En réalité, l’artiste liégeois rend hommage à Barbarella, héroïne sixties de bande-dessinée Sci-Fi, qui incarne la femme moderne à l'ère de la libération sexuelle.
Dans ce dédale de formes abstraites, des éléments figuratifs apparaissent de façon fragmentaire et allusive. Collignon invite dès lors le spectateur à observer attentivement le tableau pour y découvrir les contours d’une main, d’une cuisse ou d’une jarretière.
Juillet - Août 2022
Thandiwe MURIU
(1990, Nairobi, Kenya)
Série Camo
2018
© JL DERU - Texte: Sophie Zanier
En rupture avec les normes de beauté véhiculées par les magazines de mode occidentaux, Thandiwe Muriu met en lumière, à travers son objectif, la beauté singulière de ses compatriotes, souvent exclues des standards dans leur propre pays.
Intitulées CAMO, sa série de photographies fait référence à la façon dont le sujet représenté se fond dans le décor, ne laissant apparaître que ses particularités. Parmi celles-ci, l’artiste renoue avec le passé glorieux des reines africaines en couronnant ses modèles de coiffures traditionnelles tombées dans l’oubli, tout en célébrant la peau foncée des jeunes femmes photographiées. Désirant également refléter l’ingéniosité des Kenyanes, Muriu transforme des objets du quotidien – tels qu’un panier à linge ou des éponges – en véritables accessoires de mode.
Grâce à ses photographies aux couleurs éclatantes, l’artiste veut encourager les femmes africaines à prendre conscience de leur singularité, tout en célébrant la richesse de leur héritage.
Mai 2022
Chris SOAL,
(1994, Johannesburg, Afrique du Sud)
Within and Without
2020
@JL Deru - Texte: Sophie Zanier
Observateur attentif de la société contemporaine, Chris Soal désire, grâce à son art, dénoncer la relation destructrice que les hommes entretiennent avec leur environnement. Dans cet objectif, l'artiste confectionne des sculptures à partir de déchets – tels que des capsules de bière – omniprésents dans le paysage urbain de Johannesburg.
Assemblés dans un nouveau contexte, ces centaines d’objets à usage unique acquièrent une nouvelle identité. En disposant ces capsules dans des directions opposées, SOAL crée une illusion du mouvement, qui modifie la relation du spectateur avec la sculpture.
À travers ses œuvres, l’artiste invite le spectateur à prendre conscience que chacune de ses actions peut avoir un impact positif sur le reste de la société.
Juin - Juillet 2022
Lionel ESTEVE
(1967, Lyon, France)
Untitled
2012
@JL Deru - Texte: Sophie Zanier
Délaissant la fabrication traditionnelle d’œuvres d’art, Lionel Estève développe une démarche artistique dont la préoccupation centrale est l’expérience sensorielle éprouvée par le spectateur.
Constitué d’un assemblage de milliers de feuilles translucides suspendues en cascade, son « dessin à franges » miroite des vibrations lumineuses sur les murs d’exposition.
D’une extrême sensualité, cette installation éveille notre envie de l’effleurer, tout en nous invitant à nous laisser bercer par la fragilité des morceaux de plastiques colorés débordant de sa surface plane.
Mars-Avril 2022
Frédéric PLATEUS,
(1976, Liège, Belgique)
Solid Rock
2010
@JL Deru - Texte: Sophie Zanier
Figure de proue de la scène du graffiti en Belgique, Frédéric Platéus développe un parcours artistique aux nombreuses influences, parmi lesquelles son attrait pour la technologie et sa fascination pour la science-fiction forment le berceau de sa production tridimensionnelle.
Fasciné par le Rubik’s Cube, l’artiste liégeois explore les infinies possibilités formelles du casse-tête en créant, dès 2007, plusieurs interprétations du modèle original. Parmi celles-ci, le Solid Rock, véritable prouesse géométrique composée de branches pyramidales se déployant dans l’espace, semble être un objet tout droit sorti d’un film de science-fiction.
De la quatrième dimension, Platéus explore aussi le sentiment d’illusion en intégrant des miroirs sur les parois de sa sculpture qui permettent de jouer avec les perceptions du spectateur. En se déplaçant autour de l’œuvre, le spectateur peut observer à la fois l’environnement et sa propre présence se refléter sur la surface de la sculpture, conférant une sensation de lecture infinie de l’œuvre de Frédéric Platéus.
Février 2022
Massimo VITALI,
(1944, Côme, Italy)
Les Menuires Grandes
2000
© JL DERU - Texte: Sophie Zanier
Suite aux changements politiques radicaux survenus en Italie au début des années nonante, le photographe Massimo Vitali commence à observer très attentivement ses compatriotes qui tentent d’échapper aux restrictions sociales et économiques de l’époque durant leurs moments de loisir. Dans l’oisiveté de leurs instants de vacances, le photographe immortalise les Italiens qui se prélassent sur les plages, dévalent les pistes de ski ou encore font la fête dans les discothèques.
Qu’importe la thématique, la technique de prise de vue de l’artiste reste la même. Inspiré par la perspective surélevée caractéristique des peintures de la Renaissance, Vitali s’installe sur une estrade avec son matériel photographique. Perché à quatre mètres de hauteur, il observe les histoires se dérouler et s’enchevêtrer en contre-bas et patiente jusqu’au moment qu’il juge opportun pour déclencher l’appareil.
Toutes les petites actions et interactions photographiées par l’artiste peuvent, selon lui, « nous faire comprendre certains aspects de la société dans laquelle nous vivons ». Massimo Vitali invite le spectateur à parcourir du regard ces images fourmillantes afin qu’il découvre, sans cesse, un nouveau détail sur lequel s’attarder.
Janvier 2022
Seydou KEITA
(1921-2001, Bamako, Mali)
"Le Géant de Bamako"
1949-1951
© JL DERU
Decembre 2021
Éric POITEVIN
(1961, Longuyon, France)
Sans titre
2019
La nature se trouve au cœur de l’œuvre d’Eric Poitevin qui nous offre une vision personnelle de chacun de ses sujets. Le travail de la couleur, de la matière et du point de vue représente l’élément essentiel de la démarche du photographe français qui parvient à sublimer chacune de ses prises de vues. Demandant un temps d’arrêt et d’observation pour leur compréhension, les photographies d’Eric Poitevin incitent à la contemplation et la méditation.
Réalisée à l’occasion d’une exposition à Versailles, sa série de soleils fait référence au Roi Soleil. Presqu’abstraites, ces photographies évoquent la monochromie de certaines peintures minimalistes. Eric Poitevin y exploite tout le potentiel visuel de ces vues solaires sur fond gris ou bleu. Une invitation à voir ce qu’on ne regarde plus... Notre rôle c’est peut-être de montrer des choses là où il n’y a rien à voir. Regarder n’est pas si simple, explique-t-il.
Novembre 2021
David CUMMINGS
(1937, Oklahoma, USA)
Chac
1971
Influencé par la palette et les formes de Paul Cézanne, l’artiste américain David Cummings travaille avant tout la couleur. Actif depuis les années 60’, il a décliné ses peintures en trois séries distinctes respectivement composées de mains, nuages et graffitis.
Ses peintures au spray figurent une véritable explosion de couleurs. Entièrement recouvertes d’ondulations créées à la bombe à partir de la répétition du même geste, elles montrent une composition abstraite similaire à certaines œuvres de l’action painting.
La juxtaposition de tant de couleurs questionne également la relation entre chacune de ces dernières. David Cummings en fait une expérimentation audacieuse, semblable à ce que pourrait faire un musicien avec ses notes. Sa technique au spray renvoie, par ailleurs, aux modes d’expression du street art.
Octobre 2021
Jacques LIZÈNE
(1946-2021, Liège, Belgique)
Peinture médiocre
1966-1988
Sculpture nulle
1980-2011
Hommage à Jacques LIZÈNE
« Petit Maître liégeois de la seconde moitié du XXème siècle»
1946-2021
Septembre 2021
Damien DE LEPELEIRE
(1965, Bruxelles, Belgique)
Série Black & White
2019
Silhouettes aux formes suggestives, les œuvres de la série Black & White de Damien De Lepeleire figurent avec très peu de moyens des corps reconnaissables dès le premier coup d’œil. Composée d’une vingtaine de toiles, cette série s’est développée selon la même technique, à savoir l’application d’un fond de couleur fluo sur lequel l’artiste faisait apparaître les formes avec de la peinture noire ou blanche. À l’origine du titre des œuvres, ce procédé met donc à jour des contreformes et de larges aplats de couleurs.
Travaillant principalement par série, Damien De Lepeleire se fixe plusieurs obligations et contraintes pour chacune d’entre elles. Outre l’utilisation de couleurs criardes qui attirent directement le regard, la dimension des tableaux de Black & White interpelle tout autant le spectateur. Leur réalisation nécessitait également un lieu et une rigueur spécifiques. Le résultat est au premier coup d’œil simple, clair et efficace, à l’instar des panneaux utilisant les codes de la publicité dans le paysage urbain. Aucun contenu consumériste dans ce cas-ci ni signification demandant une interprétation : la peinture existe pour elle-même.
Juillet-Août 2021
Jacky TSAI
(1984, Shanghai, Chine)
Chinese Spa - Golden Version
2019
À la fois passionné par l’art oriental traditionnel et par le pop art occidental, Jacky Tsai crée une œuvre au croisement de ces esthétiques et iconographies. Cet artiste chinois trouve une influence massive dans le travail de Roy Lichtenstein et Andy Warhol, qu’il a su combiner avec la culture de son pays. Ouest, est, futur, passé : tout est réuni dans la démarche de Jacky Tsai qui développe aussi une dimension politique avec ces supers héros, chantres de la puissance occidentale intégrés dans des situations avilissantes.
Dans un souci patrimonial, Jacky Tsai utilise également des techniques chinoises d’artisanat qui sont en voie de disparition, à l’instar de Chinese Spa présenté pour AAC #6 et qui est gravé sur bois avant d’être peint à la laque et à la feuille d’or par des artisans chinois.
Juin - Juillet 2021
Emmanuel TAKU
(1986, Accra, Ghana)
Four Brothers in White
2021
Le sujet de l’œuvre d’Emmanuel Taku porte sur l’être humain et l’identité avec pour message le vivre ensemble. Cet artiste ghanéen combine sa passion pour le portrait et le textile, en associant les deux dans des compositions qui mêlent réalisme et surréalisme. Les motifs peints ressortent des fonds monochromes grâce à des jeux de couleurs vives entre les corps noirs et les vêtements. Sur la peau, Emmanuel Taku colle des fragments de journaux faisant référence aux enjeux politiques des gens de couleur dans la société.
Pour moi, capturer des corps noirs sous une forme abstraite est une sorte de biais vers une idée du surnaturel - presque comme des super-héros et des super-héroïnes (certains que je connais et d'autres pas). Bien que nos corps soient généralement politisés, je cherche à pratiquer davantage la récupération de notre récit comme beaucoup de grands artistes avant moi en capturant des corps noirs dans une puissante révérence.